Aux Pays-Bas, les homosexuels embarrassent le
Aux Pays-Bas, les homosexuels embarrassent le petit parti protestant ChristenUnie
LE MONDE | 26.05.08 | 16h44 •
Bruxelles, correspondant
Les mandataires d'un parti politique peuvent-ils être homosexuels ? C'est la question à laquelle est confrontée la direction de ChristenUnie (CU), la petite formation protestante rigoriste que le premier ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende, a associée à son parti chrétien-démocrate et aux travaillistes au sein de la coalition gouvernementale qu'il dirige depuis février 2007.
Depuis plusieurs mois, le parti hésitait sur la conduite à tenir à l'égard des homosexuels. Fallait-il les écarter de toute fonction au sein du parti, puisqu'ils se rendaient coupables d'un "péché", méritant la "mort spirituelle", comme l'avait plaidé, en 2007, Yvette Lont, une élue municipale d'Amsterdam ?
Ou fallait-il, au contraire, prendre en compte la réalité de la société néerlandaise moderne, qui s'est longtemps présentée comme "le paradis des homosexuels" ?
Une commission interne a adopté un texte savamment dosé : il faudra que le mode de vie des candidats de ChristenUnie puisse être "évoqué" avant leur adhésion, mais il ne faut pas exclure par principe les gays et lesbiennes. Le compromis, intégré dans un projet de "code", devra être approuvé par un congrès, le 14 juin.
"LISTE DES PÉCHÉS"
Ce texte satisfait le leader du parti, André Rouvoet, vice-premier ministre et ministre de la jeunesse et de la famille. Il estime que la commission interne du parti a ménagé tant "la crédibilité politique" de CU que "les préceptes bibliques". Personne ne peut être écarté par principe, mais "les choix personnels et le message politique" doivent être en harmonie, a-t-il estimé. A titre d'exemple, il a indiqué qu'un dirigeant de son parti qui ouvrirait son commerce le dimanche serait aussi en difficulté.
A l'avenir, une "commission des sollicitations" devrait évaluer chaque cas individuellement. ChristenUnie devrait, en revanche, rejeter l'idée d'une "liste des péchés" qui aurait énuméré une série d'incompatibilités entre le statut d'élu et certains aspects de la vie personnelle ou professionnelle. Des responsables du parti demandent toutefois que les gays vivant en couple ou mariés soient refusés d'office pour toute fonction représentative.
CU, qui compte 6 élus à la chambre des députés, se définit comme "chrétien social". Il s'aligne volontiers sur la gauche quand il s'agit de défendre le droit d'asile, l'environnement ou les programmes d'aide aux moins nantis. Mais le parti défend des positions conservatrices sur l'avortement, l'euthanasie ou la drogue.
L'association des homosexuels et lesbiennes chrétiens dénonce les projets de ChristenUnie. Quant à COC, l'association publique chargée de la lutte contre les discriminations, elle soupçonne ChristenUnie de projeter la mise à l'écart des gays de toute fonction représentative.